La salle d'audience de la Cour Royale de Justice est pleine, de nombreuses personnes ayant fait le déplacement pour assister au procès de Rulio Questa, accusé d'atteinte à l'autorité de l'Etat. La foule chuchotait et les pronostics allaient bon train, on parlait déjà de la peine de mort, d'autres voyait l'accusé relaxé. Tout portait à croire que cette affaire allait faire grand bruit et c'est avec une certaine anxiété que la Cour attendait dans l'antichambre. La Présidente de la Cour, Letizia Castelano, savait qu'il y avait là une affaire dépassant le simple cadre judiciaire, et c'était toute l'autorité et la crédibilité de l'Etat qui étaient remises en question. Elle donna le signal et l'huissier cria :
"Mesdames et Messieurs, la Cour"
L'assistance se leva, la Présidente, entourée de 4 assesseurs entra dans la magnifique salle décorée de peintures et sculptures anciennes, et illuminée par trois lustres de bronzes pesant sans doute plusieurs centaines de kilos. Le groupe s'assit, et la Présidente commença :
"Mesdames, Messieurs, vous pouvez vous asseoir. La Cour Royale de Justice a été saisie par le Ministère de la Justice élevé en ministère public et représenté par M. le Procureur Royal Raul Esteban de la Barca, de la demande de poursuites à l'encontre du sieur Rulio Questa, ici présent, pour atteinte grace à l'autorité de l'Etat. Monsieur le Procureur Royal, pouvez-vous préciser les griefs reprochés à l'accusé ?"
Le Procureur Royal se leva. C'était un homme déjà agé dont on connaissait la verve et les grandes affaires sur lesquelles il avait eu à se prononcer. Surnommé le boucher, il avait réussi à faire condamner à mort presque l'ensemble des criminels contre lesquels il avait engagé des poursuites. Les traits profonds, l'air froid et menaçant, il dit d'une voix presque fluette :
"Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Juges, Mesdames et Messieurs. Le Ministère public que j'ai l'honneur de représenter aujourd'hui engage bien des poursuites contre Rulio Questa pour atteinte à l'autorité de l'Etat en effet. Il s'agira pour moi de prouver que l'accusé a utilisé ses fonctions de Ministre des Affaires Etrangères dans des intérêts privés. Qui plus est des intérêts terroristes visant une nation avec laquelle nous entretons des relations diplomatiques, la Russlavie. Aussi, Madame la Présidente, nous engageons des poursuites pour : usurpation de la fonction ministérielle accordée par Sa Majesté le Roi dans des intérêts privés et actes de terrorisme à l'encontre d'une Nation étrangère liée à Nous par un traité.
"Qu'en est-il des peines demandées, Monsieur le Procureur ?" questionna la Présidente.
"Nous demandons une condamnation sans appel, Madame la Présidente, nous demandons la peine capitale" répondit sans faillir le Procureur.
A cette réponse, l'assistance frémit. La Présidente reprit :
"Bien. Monsieur Questa, quant aux faits qui vous sont reprochés, que plaidez-vous ?"